Emilie Molinero

Dans le travail d’Emilie M., la banalité du quotidien n’est que superficielle. La récurrence des situations et des gestes les plus simples recèle des instants de grâce qui constituent une matière féconde. Sa photographie s’attache à déceler cette poésie et à révéler l’âme des personnes et des lieux. C’est dans ces « instants vides » que prend naissance le dévoilement de leur nature profonde et de leur monde. L’intime se révèle alors dans la simplicité de la lumière naturelle, sans artifice ni intrusion. Au plus près des sujets qu’elle photographie, elle prends pour point de départ des mises en scènes simples pour ébaucher une narration. Le spectateur est invité à en écrire la suite en mobilisant son imagination. Emilie M. s’est interrogée dans cette série intitulée « Femmes de la Louisiane » sur la notion de « chambre à soi » comme pré-requis non seulement à la création, mais aussi à la construction identitaire des femmes. Replongée dans la lecture de l’ouvrage éponyme de Virginia Woolf, son intérêt s’est porté sur les espaces actuels permettant justement aux femmes d’être à l’abri pour créer… ou s’inventer. L’hôtel La Louisiane au coeur de Saint Germain des Prés a toujours accueilli des artistes, confirmés ou en devenir, tous animés par un désir de liberté et de création. Parmi ces artistes, les femmes, comme Simone de Beauvoir ou Juliette Gréco, ont marqué de leur présence et de leur aura cet hôtel. Aujourd’hui encore, on y rencontre de nombreuses femmes. Plus ou moins connues, de tous âges et de tous horizons géographiques et sociaux, elles sont venues y déposer leurs valises pour quelques jours ou plusieurs années. Chacune d’entre elles habite cet espace à sa manière, selon son vécu, ses espoirs, ses forces et ses fragilités, et vient chercher dans la Louisiane tantôt une mère, tantôt une muse, voire les deux.

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